Olivier Krumbholz ne se satisfait forcément pas de cette coupe du président glanée après une élimination du tour principal. Mais il a apprécié la réaction d’orgueil de ses joueuses. Le sélectionneur ne va pas manquer maintenant de tirer les enseignements de la perte du titre mondial. D’autant que l’échéance olympique est déjà en point de mire.

Quel est ton état d’esprit après ce dernier match et cette sortie prématurée du Mondial ?
On reste toujours extrêmement déçu de ne pas avoir pris part au tour principal, nous avions certainement une carte à y jouer. Mais regretter ne sert à rien et depuis nous sommes concentrés à chercher les causes, les solutions et les remèdes à notre élimination. Du coup, je suis content de la réaction de l’équipe depuis deux jours, elle a été très vaillante, alors que c’est compliqué de jouer des matches de ce type après quatre compétitions pleinement réussies. Les filles se sont engagées et ont évolué avec des valeurs, c’est très bien pour le groupe de finir sur une note positive. L’Angola et la Hongrie restent quand même des références.

Attendais-tu des réponses et des enseignements particuliers de cette compétition ?
Il y a toujours forcément des enseignements à tirer d’une échéance internationale, qui plus est lorsqu’elle ne se passe pas forcément comme prévu. Certaines réponses peuvent être inquiétantes et d’autres prometteuses pour l’avenir. Il est certain en tout cas que si l’on arrive en ordre dispersé aux Jeux olympiques, avec des filles pas dans le coup, cela va être compliqué.

C’est en effet l’impression qui se dégage aujourd’hui, entre les états de forme des unes et des autres ?
On voit assez clair déjà sur les quatre, cinq défaillances majeures qui nous ont posé problème. Avec toujours cette complexité de l’interaction entre les performances individuelles et collective, ainsi que dans l’équilibre du groupe. Et l’on va vite devoir se pencher dessus, car à partir du moment où l’on n’est pas au top physiquement, on n’est pas libéré mentalement, et cela se ressent notamment aux tirs face à de grandes gardiennes de niveau mondial. Méline Nocandy a démontré qu’il y avait des solutions dans ce secteur, Orlane Kanor s’est nettement améliorée au fil de la compétition. Il faut retenir le meilleur et se servir de cet échec. Personnellement j’ai toujours pensé que c’est dans l’échec que l’on trouvait les ressources pour avancer. J’ai bien l’intention de débriefer rapidement avec elle sur ce sujet.

Outre cet aspect, on avait l’impression d’un équilibre plus fragile dans le groupe ?
Cela fait partie de nos préoccupations pour redevenir vite opérationnel. Nous avons de très bonnes joueuses, entre celles qui sont en pleine maturité, de jeunes joueuses explosives et aux qualités énormes. On sera compétitif dans six mois et je pense toujours que l’on peut faire de grands J.O. Même si certaines anciennes ne seront plus là.

Cette crise de croissance n’était-elle finalement pas inéluctable dans ce contexte ?
Je crois qu’il faut être humble et lucide, on ne peut pas lutter contre le temps. Nous avons tout fait, on a tenté et on y a cru tous ensemble, que notamment les anciennes seraient opérationnelles. On voudrait que les grandes joueuses puissent arrêter sur des Jeux olympiques, mais ce n’est pas toujours le cas malgré leur envie. L’énergie et le niveau baissent, et à ce moment-là il faut faire des choix.

On doit donc comprendre que les cartes sont totalement rebattues à la suite de ce championnat du monde ?
Oui effectivement, il y a énormément de réponses individuelles dans ce championnat. Je me garderais bien encore d’en tirer tout de suite des conclusions définitives.

Les filles étaient particulièrement affectées et émues au coup de sifflet final. C’est un bon signe pour l’avenir ?
C’est pour cela qu’il était important de bien finir, parce que cela leur met encore un peu plus la rage au ventre de se dire que l’on peut régler nos problèmes et proposer un tout autre visage. Nous sommes partagés entre le sentiment du devoir accompli, sur cette fin de compétition seulement, mais pas de quoi effacer la déception de sortir aussi vite. J’espère qu’elles ont pris conscience de rentrer aussitôt dans un tournoi en étant nettement meilleur et particulièrement en attaque.

Ce qui était le mot d’ordre auparavant d’ailleurs. Mais après deux compétitions heureuses, elles l’ont pris en pleine figure ?
Je crois aussi que dans la motivation, nous étions un peu dans l’illusion que l’on avait la rage. Ce qui n’était pas le cas contrairement aux autres qui ne sont pas encore olympiques. On croyait que l’on allait pouvoir y figurer avec le plaisir et l’envie, mais il a manqué de l’agressivité et le côté enragé dont on a besoin pour aller plus loin à tous les niveaux. Sans parler du tir, quelque chose de très compliqué et complexe, et ce n’est pas accidentel. Il faut trouver les causes. Nous savons pourquoi nous avons excellé à l’Euro par exemple.

Malgré tout vous n’étiez pas loin du compte cependant. Il semble suffire d’un déclic ?
Je suis d’accord que des petits détails peuvent relancer l’équipe, nous ne les avons pas trouvés ou trop tard. On ne peut pas dire non plus que l’on fait vraiment un beau championnat du Monde sur la qualité du jeu. Nous avons une défense correcte mais pas exceptionnelle, et en attaque, hormis de belles réponses individuelles, nous n’avons jamais retrouvé le jeu des récentes phases finales. Nous avons manqué de maîtrise, nous n’étions pas suffisamment prêt, et du coup nous avons stressé. Nous avons besoin de stress et d’enjeu pour être au top, à condition de le gérer avant le match et s’en libérer du coup pendant. C’est une bonne leçon.

Ce qui suffit à expliquer ce retour en arrière offensif, alors que tu évoquais avant l’ouverture l’impression d’avoir changé de monde en attaque ?
Il faut vraiment que l’on retravaille et que l’on soit aussi définitivement plus rigoureux sur certains principes d’attaque, comme l’écartement, la continuité du jeu, la vitesse d’exécution. Nous sommes retombés dans nos travers, nous avons bafouillé notre handball, c’était souvent beaucoup mieux avec les jeunes. J’espère que tout le monde va chercher les solutions individuelles et que l’on arrivera en pleine forme au mois de juillet.

Quel va être le cheminement du bilan dans les mois à venir ?
On va faire un débriefing collectif et rapide avec les joueuses avant de se quitter. Et puis je vais ensuite aller toutes les rencontrer individuellement dans leur club. Que l’on puisse échanger nos avis, nos impressions, et se dire peut-être des choses qui permettront d’avancer. Ensuite, il faudra foncer. En sachant que ce qu’elles ne feront pas en préparation, elles n’auront aucune certitude de le faire en compétition. Tant que l’on pense que l’on peut se réveiller au dernier moment, la preuve a été donnée au cours de ce Mondial que ça ne suffit pas !

AGC