Le Directeur Technique National a inauguré le point presse qui s’est tenu au lendemain de l’élimination au tour préliminaire de l’EHF EURO 2020. Philippe Bana est l’invité de l’entretien de ce lundi 13 janvier.

Quel bilan peut-on tirer de cette élimination prématurée ?
Nous avons échoué. C’est un échec collectif que l’on assume absolument tous. Si on compare avec la situation de l’Euro 2012, où il y avait trois qualifiés au tour préliminaire, cette fois ce sont seulement deux équipes qui accèdent au tour principal. Nous avons payé cash le fait de ne pas être bien rentrés dans cet Euro.

Dans quel état se trouve l’équipe au lendemain de cette défaite face à la Norvège ?
Il y a un état d’urgence que l’on doit manager et gérer comme des grands. L’équipe est en souffrance et elle doit se soigner. Nous allons travailler en ce sens.

La pression est logiquement forte sur le staff…
Les coaches ne sont pas des Kleenex mais plutôt des bons vins comme nous en avons l’habitude dans le handball français. Nous sommes dans un sport collectif : tous responsables, tous pas capables de trouver des solutions, joueurs et staff. Le handball français manage le temps et les hommes. Ce matin il y a eu des moments de force humaine avec des joueurs qui s’excusaient auprès des tauliers de leur prestation de ce qu’ils savent faire d’habitude. C’était assez poignant dans les réunions entre eux.

Comment expliquer cette rétrogradation dans la hiérarchie internationale ?
Le handball n’est plus un sport qui se joue à sept et où la France gagne obligatoirement à la fin. L’équipe de France n’est pas une machine qu’il suffit de poser sur le terrain pour gagner automatiquement des médailles. De toute évidence, la marge que nous avons pu posséder vis-à-vis de nos concurrents, a diminué. Nous n’avons plus de temps, c’est pareil pour toutes les équipes. Et de cette nécessité d’être ultra précis, nous avons échoué. Se lamenter n’a pas de sens.

Cette élimination est-elle inquiétante pour la suite, notamment en vue d’une participation aux J.O. ?
Il ne faut pas se tromper d’objectif. Depuis 1992, tous les quatre ans, le handball est inspiré par les Jeux olympiques. Nous avons grillé un joker très important. C’est une évidence absolue. Pour autant, le juge de paix de l’année olympique s’appelle Tournoi de Qualification Olympique et J.O. Nous allons nous attacher à ne pas confondre crise et état d’urgence.

La proximité du TQO (17 au 19 avril) illustre-t-elle cet état d’urgence ?
Nous avons moins de temps pour fabriquer une performance plus complexe que par le passé. Fabriquer une mayonnaise entre tauliers et jeunes qui est différente et qui ne se décrète pas comme cela. Les tauliers sont exemplaires mais nous sommes d’ores et déjà dans la nécessité de mettre les jeunes qui sont déjà là. C’est complexe et long à fabriquer. Nous avons un travail important devant nous dans l’équilibre des générations. Nous devons entretenir la performance car depuis 2000 nos deux équipes sont systématiquement présentes au rendez-vous des J.O.

Quels sont les points d’étapes prévus jusqu’au TQO ?
Nous avons décidé de bien manager le temps jusqu’au TQO. Didier et les joueurs ont souhaité rester ensemble mercredi plutôt que de se séparer à notre arrivée à l’aéroport. Nous arriverons à Paris mercredi matin et nous passerons la journée et la soirée ensemble pour travailler et réfléchir. On se séparera jeudi matin. En février et en mars, nous allons nous mettre au service de l’équipe. Nous serons rassemblés dès le 9 avril pour préparer le TQO de la semaine suivante. Nous avons besoin de temps pour nous parler. Le diable est dans les détails. Il faut continuer à se dire la vérité. Les joueurs et le staff ont une expression pour cela : se dire les choses. Personne n’est exonéré de sa propre critique. Comptez sur nous pour faire ce travail car on le doit au handball français.

L’héritage n’est-il pas trop lourd à porter ?
Les joueurs savent que c’est différent, que la marge que l’on avait, n’existe plus. Nous allons travailler plus et être plus précis. Le staff et les joueurs. Oui, ils sont conscients de la responsabilité qui pèse sur leurs épaules.

Des axes de changements ou des ajustements sont-ils prévus ?
La précision du jeu, se parler, s’engueuler, passer du temps et trouver ensemble ce qui nous permettra d’aller de l’avant, c’est essentiel. Aujourd’hui, nous devons optimiser le temps. La haute performance, c’est comme une œuvre d’art, un tableau impressionniste avec ses petites touches successives qui forment un bel ensemble. Un travail de patience et de précision. Cela tient à peu de choses.

Selon toi, existe-t-il une forme de friture entre les joueurs et le staff ?
Dans un moment compliqué et une saison infernale, avec seulement cinq entraînements de préparation, le rythme est infernal. Il y a toujours de la friture classique mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas en difficulté, en état d’urgence. Je me dis qu’il faut avoir touché le fond de la piscine pour rebondir. La claque, on l’a prise.

HGu