En charge du pilotage de l’Institut Fédéral de Formation et de l’Emploi, Stéphane Debat est l’invité de l’entretien du lundi. Il présente les enjeux de la formation et évoque l’actualité de l’entité fédérale dédiée à la formation.

Guillaume Saurina et Mathieu Lanfranchi, victorieux de la European League, Alberto Entrerrios, qualifié pour le F4 de la Ligue des Champions et Angélique Spincer qui a maintenu Plan-de-Cuques en Ligue Butagaz Énergie, sont tous des stagiaires du Titre 6 « entraîneur du secteur professionnel ». Leurs parcours respectifs te rendent-ils fier ?
C’est surtout une fierté pour eux et pour tout le handball français. Ils ont tous trois suivis la formation en 2019 2020 et se sont en toute humilité, fortement impliqués. La formation leur a apporté… comme ils ont apporté à la formation. Angélique entrainait déjà du côté de Saint-Maur, Alberto était l’adjoint pendant plusieurs années de Thierry Anti et Guillaume a grandi auprès de Allan Hein. Partager les expériences, que ce soient celles de joueur, ou surtout celles d’entraîneur, fait partie de nos stratégies de formation. Pour enrichir les échanges, nous convions de manière systématique des « Experts métiers » du monde professionnel, et de la Direction Technique nationale…
En parallèle, les entraineurs sont accompagnés individuellement et collectivement autour des thématiques liées à l’entrainement, la haute performance, le management, la communication, et l’environnement du sport et du handball professionnel.
Chacun peut donc co-construire avec les formateurs un parcours singulier en fonctions de ses besoins. Mais ce qui caractérise le plus ce titre 6 est certainement l’accompagnement à la connaissance de soi, pour mieux agir dans son environnement.

La 2e promotion « Érick Mathé » du Titre 6, connaitra bientôt son dénouement…
Le jury plénier se réunira le 15 juin à la Maison du handball. Il rendra son verdict sur toutes les certifications des 17 stagiaires sur les deux mentions, entraîneur professionnel ou entraîneur formateur de joueurs professionnels. Certains stagiaires, en raison de la crise de la Covid-19, n’ont pas pu passer toutes leurs certifications car les clubs étaient à l’arrêt pendant la saison.
Nous avons pu adapter nos règlements généraux, pour ne pas les « pénaliser », et ils pourront passer leurs épreuves à la rentrée sans que cela ne les empêche de prendre leur fonction d’entraîneur.
Enfin, toujours à cause de la crise sanitaire, certains stagiaires de la 1ère promotion « Olivier Krumbholz », se verront remettre leur parchemin à cette occasion.

Comment se présente la 3e promotion, 2021-2022, du titre 6 ?
Les tests de sélection ont été effectués début avril et ont permis de retenir 21 candidats. Ils seront rassemblés du 21 au 24 juin à la Maison du handball pour une première semaine de positionnement et pour se questionner autour de la thématique « Mieux se connaitre pour mieux agir dans le contexte professionnel ». Parmi les nombreux entraîneurs du secteur professionnel féminin et masculin, figurent notamment Ekaterina Andriouchina (LBE, Metz HB), Delphine Cendré (D2F, Bouillargues HNM) et Wissem Hmam (LSL, Saint Raphaël Var HB).

Tu évoquais plus haut la crise sanitaire. Comment avez-vous adapté les formations ?
Suite au deuxième confinement intervenu en novembre dernier, en accord avec le bureau directeur de la fédération, nous avons décidé de maintenir les formations afin d’assurer la continuité pédagogique et rester en lien avec les entraineurs, les clubs. Nous avons aménagé et assoupli les dispositifs de certifications mais surtout adapté les modalités de formation en proposant des formations en distanciel. Ce fut une gymnastique et une adaptation pédagogique permanente pour les entraineurs comme pour les formateurs qui ont tous fourni un immense effort.

Le Titre 6 comporte un stage à l’étranger, un moment fort. Comment l’avez-vous comblé ?
Oui en effet, le séminaire européen d’une semaine est un temps fort de la formation du Titre 6. En Hongrie et en Espagne la 1ère année, nous avons réussi à maintenir ce partage d’expérience au travers de webinaires avec des joueurs, des entraîneurs, des agents, des dirigeants de clubs et fédérations européennes, Cela ne remplace pas complètement le stage  bien sûr mais cela a permis de maintenir ce travail d’analyse du handball professionnel en Europe, et de confronter la promotion à la pratique de l’anglais. 

Comment est aujourd’hui structurée l’IFFE pour relever tous ces défis ?
Michel Godard, qui est le nouveau secrétaire général de la FFHandball, est aussi l’élu référent en charge de la formation. Il anime notamment le conseil de perfectionnement du CFA.
Nous nous appuyons sur l’expertise pédagogique des formateurs, que ce soient des collègues de la DTN, des CTS, des CTF des différentes ligues, des chargés d’arbitrage, des dirigeants. Nos partenaires tels que les institutions (LNH LFH) et nos partenaires professionnels comme 7 master AJPH UCPH F et M sont très impliqués et investis à nos côtés.
Du point de vue administratif et logistique, en plus de la direction administrative et financière de l’IFFE, Nicolas Barbeau joue aussi le rôle de directeur du CFA. À ses côtés, Marie-Lu Manijean, Marion Le Mat, chargée de mission sur la formation professionnelle et l’apprentissage et Marion Guinot, qui travaille en lien avec l’ANS, constituent l’équipe dédiée. L’IFFE recrute un.e autre chargé.e de mission pour nous permettre de déployer au mieux notre plan de formation et compléter le staff.

Quelle est la commande passée par la nouvelle équipe fédérale guidée par Philippe Bana ?
L’IFFE un outil au service du projet handball 2024. Le plan de formation que nous sommes en train de finaliser contribue à répondre aux besoins politiques de la performance sportive et sociale et doit s’adresser à tous afin de développer tous les handballs. Monde professionnel, monde amateur, entraineurs arbitres dirigeants, sportifs de haut niveau, formateurs…
Si la réforme de l’architecture des formations s’est centrée sur l’encadrement sportif de la pratique, Philippe Bana nous a demandé de diversifier nos cibles, d’ouvrir nos formations à l’international afin d’exporter le savoir-faire français à l’étranger, de renforcer notre politique emploi apprentissage, de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes par la formation, de contribuer à la digitalisation de nos clubs… mais surtout d’aider le club et les dirigeants d’autant plus dans cette période de reprise d’activité.
En effet, n’oublions pas que la plus grande partie de notre encadrement est constituée de bénévoles, et qu’il est primordial de rendre la formation la plus accessible possible. L’accélération du distanciel lié à la période COVID et l’arrivée de nouveaux services digitaux (my coach, hello asso, sponso plus, Be sport) sont de véritables outils qui renforceront la proximité et l’accessibilité.

Après l’école française des entraîneurs (EFE) était née, en 2018, l’école internationale du handball (EIF). Avez-vous programmé une prochaine édition ?
En raison du manque de visibilité lié à la crise sanitaire, il n’y a pas de dates arrêtées. Mais j’aime à rappeler que le Titre 6 comporte des séminaires thématisés qui sont ouverts à tous les publics : arbitres, dirigeants, entraîneurs du monde amateur, personnels techniques et administratifs, officiels … et nous projetons de les rendre accessible -à l’international. Au total, nous présentons 17 formations de 2 à 3 jours, sur le management, la communication, l’entraînement des gardiens de but, l’analyse de la performance, la connaissance de soi…
À préciser que la saison prochaine, l’IFFE organisera une session française du Master Coach européen en présence de lecteurs de l’EHF, des experts de la DTN et du monde professionnel.

En quoi la création d’un CFA répond-il à la politique emploi apprentissage de la fédération ?
La fédération, via l’IFFE, et sa filière de titres à finalités professionnels maitrisait déjà une grande partie du dispositif de formation : initiale, professionnelle, continue, et VAE. (validation des acquis de l’expérience). Créer un CFA (Centre de Formation des Apprentis) c’est aller plus loin dans la réponse aux besoins des clubs et des licenciés ainsi que dans la maitrise des formations par les voies de l’apprentissage. Le CFA permet d’accompagner les jeunes aux métiers d’éducateur ou d’entraîneur de handball mais aussi les dirigeants dans leur fonction employeur et managériale.
Enfin c’est est aussi le moyen de transmettre nos valeurs, notre savoir-faire, notre « marque FFHANDBALL »
Le conseil de perfectionnement qui rassemble des élus et des responsables de formation de chaque territoire, a été installé tout récemment : les 4-5 juin derniers en présence de Béatrice Barbusse, Michel Godard et le DTN Thierry Gaillard. Il sera amené, aux côtés des ITFE avec qui nous travaillons en réseau collaboratifs à valider les orientations stratégiques, les nouvelles certifications, les cibles…

Propos recueillis par Hubert Guériau