Nommé capitaine de l’équipe de France, Valentin Porte s’est confié sur ses nouvelles responsabilités dans l’entretien du lundi.

As-tu été surpris par l’appel et la sollicitation de Guillaume Gille ?
Non, je n’ai pas été surpris par son coup de fil car on s’appelle régulièrement après les compétitions pour débriefer. Lors d’un premier appel pour débriefer les J.O., il a évoqué avec moi la possibilité de me donner le capitanat. Je lui ai dit qu’il me fallait un délai de réflexion car il fallait que je digère la proposition. Le capitanat, ce n’est pas juste un brassard que l’on met et entrer le premier sur le terrain. Ce n’est ni ma vision, ni mon envie. Il fallait que je me rassure. Suis-je légitime pour endosser cette responsabilité ? J’ai échangé avec quelques joueurs et les retours positifs m’ont conforté dans l’idée d’accepter. J’ai ensuite validé ma décision auprès de Guillaume.

Tu avais déjà été capitaine « intérimaire », en Golden League, et cette année, lors de France – Grèce e de Norvège – France lors du tournoi olympique. Qu’avais-tu alors ressenti ?
J’avais des bonnes stats (sourire). À ce moment-là, dans mon esprit, le capitaine reste le capitaine, même en cas d’absence ponctuelle. C’était nouveau pour moi et je n’étais pas alors le plus à l’aise.

Le rôle du vice-capitaine, dévolu à Luka Karabatic, a t-il aussi compté dans ta prise de décision ?
Je suis très content que ce soit Luka. Je ne pouvais pas rêver mieux. Nous avons échangé en amont du rassemblement. Je lui ai fait de la joie de faire équipe avec lui, c’est cool car il m’a dit la même chose. Avec Luka, nous sommes sur la même longueur d’ondes et j’espère qu’on fera ensemble du bon boulot. C’est un mec que je connais depuis un moment, avec lequel je partage les mêmes choses, professionnellement et même dans la vie de tous les jours.

Tu connais bien aussi Érick Mathé qui sera un interlocuteur privilégié…
Le jour où on sera dans le dur, où il faudra trouver des solutions, je ne peux pas trouver mieux que d‘être associé avec Luka, Érick et Guillaume, pour échanger au sein de ce consortium. Érick je l’ai côtoyé à Montpellier, il a eu un rôle majeur à Montpellier qui nous a permis, je n’ai pas peur de le dire, de remporter la Ligue des Champions. Il a aussi un rôle très important en équipe de France.

Quelles sont les valeurs que tu attaches au rôle de capitaine ?
Je suis tel que je suis et je ne vais pas changer ou jouer un rôle parce que je suis capitaine. Je suis attaché aux choses primaires du sport : la victoire, la vie du collectif, le bleu de chauffe, toutes ces choses basiques qui sont un peu de la vieille école. Je suis fier et honoré que ma façon d’être plaise.

As-tu sollicité l’avis aussi de tes proches, dans ton cercle familial ?
J’ai fait part du choix de mes parents qui sont fiers. Si je suis comme ça dans la vie et sur le terrain, je le dois à l’éducation reçue par mes parents, je les en remercie. J’en ai discuté avec eux mais cela n’a pas influencé mon choix.

Revenons sur les J.O. et sur cette finale achevée dans la joie, les larmes et la douleur de la blessure contractée pendant le match. Trois mois plus tard, quelle sensation retiens-tu ?
Même si j’ai vécu cette finale de façon différente et avec des douleurs, je n’échangerai pour rien au monde le scénario… Le dénouement était tellement beau. La joie a quand même remplacé la douleur. Je suis quelqu’un qui tourne la page rapidement et deux jours plus tard je me projetais sur le club et j’étais frustré de ne pas pouvoir enchaîner. Je suis revenu depuis seulement trois semaines. Depuis le 7 août, ça fait un long moment.

Quels ressorts comptes-tu utiliser pour motiver le groupe en vue de la prochaine échéance majeure, l’EHF EURO 2022 en janvier prochain ?
Je n’aurai pas besoin de sortir des arguments. Pour en avoir déjà parlé avec quelques-uns, je crois qu’on a tous conscience de ce qu’il s’est passé à Tokyo. Sans encore avoir trouvé toute la quintessence du groupe, nous sommes sur la bonne voie. Il y a un truc à prouver, une série à faire. Nous avons débloqué quelque chose. Je pense que sur cet Euro, on peut le faire. Il n’est pas nécessaire de pousser les gars, au contraire il faut parfois les freiner, c’est ce qui fait la force de ce groupe.

Le handball, avec le résultat des deux équipes de France, a été la discipline la plus médiatisée lors des Jeux olympiques. Est-ce une fierté supplémentaire de porter très haut les couleurs du handball français ?
À chaque fois que l’équipe de France gagne, cela fait du bien au pays, aux clubs et au monde amateur. Tout le monde surfe là-dessus et tant mieux si cela peut rejaillir à tous les niveaux, comme un effet boule de neige. À nous de continuer à gagner tout le temps afin que la boule continue à grossir et le rayonnement qui va avec.

Au retour des Jeux olympiques, tu as effectué un détour du côté de Toury pour une inauguration bien particulière…
Je pense notamment à ma carrière et lorsque je suis blessé, je me dois de passer le plus de temps possible au club. Mais il y a des choses qui me tiennent à cœur plus que d’autres. Cette inauguration était prévue depuis longtemps mais en raison de la crise de la Covid-19, il fallait trouver la bonne fenêtre. Après le titre olympique, c’était le bon moment. Un gymnase à mon nom, c’est un grand honneur. On ne parle pas d’une médaille ou d’un titre mais d’une distinction bien particulière. C’est quelque chose de très fort. J’ai été très honoré et touché et je remercie la ville de Toury pour cette attention. Je serai impatient de retrouver ce gymnase qui porte mon nom l’été prochain à l’occasion du tournoi Valentin Porte.

Tu évoques souvent, pour ne pas dire toujours, ton souhait de prendre du plaisir dans la pratique du handball. Peux-tu expliquer ce que cela sous-entend ?
Je suis parfois pénible avec ça. J’en parlais avec les coaches un peu plus tôt ce matin. Je pense qu’aujourd’hui, dans cette équipe, tous les joueurs sont des compétiteurs qui veulent gagner tout le temps, sur tout, quel que soit le jeu. La notion de plaisir, c’est de trouver des trucs, des petits jeux où on se fait plaisir. Ce n’est pas seulement pour s’amuser, c’est pour se chauffer, on y cherche autre chose. Ma vie est rythmée par la recherche du plaisir. Je suis hyperactif là-dessus, c’est comme ça ! Quand tu arrives en fin de compétition, dans la dernière ligne droite, un petit jeu, un petit foot, donne la banane. Ensuite tu t’entraînes et tu travailles beaucoup mieux.

Propos recueillis par Hubert Guériau