À vingt-deux ans, la pépite de Saint-Chamond va disputer sa première compétition avec les grandes. Avec un vrai rôle à jouer. 

Il y a de la couleur sur son visage, et cette tonalité dans la voix pour dire son allégresse, ce plaisir simple, sincère, de participer à l’aventure. Il a sans doute suffi d’un arrêt à Floriane André pour légitimer la confiance qu’Olivier Krumbholz lui a accordée et intégrer la famille. Au début du mois d’octobre, à Nancy, Alina Grijseels avait le ballon de l’égalisation à une poignée de secondes du terme de ce second test face à Allemagne (30-29). Son tir à l’angle des neuf mètres s’est heurté à une main ferme, celle d’une gamine fière, bien résolue désormais à manier l’audace.

Floriane André a vingt-deux ans et elle figure, aux côtés des Léna Grandveau, Audrey Dembele ou Déborah Lassource parmi les petites dernières d’un groupe à peine remanié. « Ça fait du bien d’avoir des filles de notre génération, admet la Nantaise, ça permet de faciliter l’intégration, même si le groupe te met très à l’aise très rapidement. »

À Nancy, face à l’Allemagne au début du mois d’octobre, la jeune femme a bien aidé l’équipe de France a préservé la victoire. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Numéro un incontestable de sa catégorie d’âge, Floriane André a « un vrai tempérament de gardienne », selon Éric Baradat qui l’a couvée chez les juniors. « Elle a certainement gagné en sagesse, appuie le responsable de la filière féminine, mais elle a une grande ambition et un très fort caractère. Elle est capable d’électriser une situation dans les buts. »

Une forte et belle personnalité qui a rongé son frein à Nantes avant de se dévoiler. Une fille attachante, entière, joyeuse – « mais je suis capable de passer de très joyeuse à très frustrée en très peu de temps » – et qui sait surtout où elle veut aller. « Jouer avec et face aux meilleures joueuses du monde, dit-elle, c’est l’opportunité d’emmagasiner de l’expérience, d’apprendre plus, plus vite, pour arriver au meilleur niveau possible. Je ne le cache pas : disputer les Jeux Olympiques, c’est un objectif, très clairement. J’ai envie de m’imposer dans cette équipe. »

Une franchise clamée sans impertinence, parce que sa passion est sincère, infinie, parce que c’est surtout sa manière de penser. Chez les jeunes, elle pouvait d’ailleurs détonner par sa capacité à donner un avis totalement à l’opposé de celui du groupe. Elle concède s’être quelque peu assagie à ce propos. Mais pas trop. « Je n’ai aucun statut et je ne peux pas dire les choses tout à fait comme je les pense, sourit-elle, j’ai travaillé là-dessus, mais il n’y a pas de jugement dans cette équipe et ça me permet de rester moi-même et de faire ressortir ma personnalité. »

Consultez la galerie photos de Floriane André. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Celles et ceux qui ne la connaissaient pas apprennent à la découvrir. Hors du parquet. Sur le parquet bien sûr. Le dernier dimanche d’octobre chez elle à Nantes, elle a ainsi parfaitement relayé Cléopâtre Darleux en seconde période face à la Pologne (8 arrêts à 61%), et cette prestation pétillante ne demande plus qu’à être validée dans le chaudron de Skopje. « Je ne sais pas les responsabilités qu’Olivier va me donner durant l’Euro, concède-t-elle, sans doute plus que ce qui était prévu initialement. Je prends ce que l’on me donne et je fais mon maximum à chaque fois. »

Et chaque fois, elle captive et rassure, multiplie les prouesses dans son espace protégé. « Elle a une belle envergure, dévoile Éric Baradat, une capacité à aller très vite en bas. Elle a en fait l’atypie de la joueuse de haut niveau. »

Au côté d’Amandine Leynaud, qui l’avait déjà accompagnée lors d’un Euro junior en 2019, elle va ingurgiter de la vidéo, se repaître de conseils. Floriane André a très vite compris le bénéfice qu’elle pourrait tirer de la collaboration. Elle admire le parcours de son aînée, concède s’inspirer de plusieurs types de gardiennes mais précise vite « qu’à trop vouloir regarder chez les autres, on en oublie d’être soi-même. » Ça ne lui arrivera sûrement pas, on l’a bien compris. La demoiselle a les pieds sur terre. Elle n’ignore rien des enjeux. La blessure de Laura Glauser lui offre une opportunité d’être elle-même, comme depuis ses premiers pas aux Docks Océane. Une gardienne avide de sensations. Déterminée à démontrer que cette belle famille bleue peut être la sienne.

Philippe Pailhoriès