Pour sa première compétition en qualité d’entraîneur des gardiennes, Amandine Leynaud devra composer sans Laura Glauser, blessée, et avec deux jeunes joueuses pour encadrer Cléopatre Darleux.

Elle ne pouvait imaginer baptême plus enivrant. A Skopje, où elle se sent pourtant comme chez elle, Amandine Leynaud avance sans filet, contrainte de s’adapter à une situation incommode depuis le forfait de Laura Glauser, freinée par une douleur persistante au dos. A peine cooptée dans le staff, la voilà en effet chargée d’une cohabitation inattendue puisque deux jeunes joueuses, Floriane André (22 ans, 3 sélections) et Camille Depuiset (24 ans, 1 sélection) vont encadrer Cléopâtre Darleux, heureusement la plus expérimentée de toutes les Bleues de Macédoine du Nord (197 sélections).

Sa mission première ? Trouver les bons équilibres afin que le poste demeure aussi performant que lors des compétitions précédentes. « Chaque nouveauté apporte sa part de challenges, imagine Cléopâtre Darleux, et celui-ci va toutes nous mobiliser. »

Les trois gardiennes n’ignorent rien des enjeux. Camille Depuiset découvre ce monde. Floriane André le fréquente depuis quelques semaines à peine. Et Cléopâtre Darleux, en dépit de ses immenses habiletés, n’a jamais eu à remplir ce type de mission. « J’y suis confronté cette année en club, corrige-t-elle, et j’aime bien la responsabilité que cela suggère. La pression va être différente, j’aurai, je pense, un rôle plus important à jouer. Sur le terrain comme dans la communication avec les autres. »

Tout, oui, va être affaire de communication. Et dans ce domaine-là aussi, Amandine Leynaud est experte. Ses mots sonnent juste. Ses gestes rassurent. « Ce qui est intéressant, explique-t-elle, c’est que je vais prendre le temps de me construire par rapport à tout ça, mais en cherchant à profiter de l’avantage de connaître les joueuses. En restant vigilante, bien sûr, parce que Cléo ou Flo ne goalent pas de la même manière que moi. Trouver les clés qui leur conviennent et qui les fera progresser est un enjeu qui me passionne. »

Elle le poursuit les yeux grands ouverts, sans bouleverser ses habitudes, sans se travestir. « Je suis persuadée que rester moi-même est le plus important, dit-elle. C’est en tout cas un rôle auquel je songe depuis un moment déjà. J’ai toujours aimé accompagner mes coéquipières. Et pas seulement les gardiennes, les autres joueuses, aussi, afin qu’elles se projettent, par exemple, dans le duel tireuse/gardienne. »

Ce rôle, elle l’avait déjà éprouvé auprès d’Eric Baradat lors d’un Euro junior en 2019. L’une des gardiennes d’alors s’appelait Floriane André. « C’était vraiment un bonus de l’avoir à nos côtés, salive la benjamine. Notre rêve à toutes, c’est de continuer à progresser pour aller en France A, et avoir une fille qui nous aide et partage son expérience et son savoir, ça nous a fait beaucoup de bien. »

Échanges désormais entre collègues du staff de l’équipe de France féminine. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Le bénéfice de la collaboration ne souffre aucune contestation, reste à trouver la place, les bons espaces. «  L’accompagnement n’est pas le même, mais il y a certaines ressemblances, admet-elle. La plus grande différence se situe au niveau de la concentration parce que je n’ai plus à me préoccuper de ma performance. »

Amandine Leynaud est alors une grande soeur, avide d’échanges, toujours prête à suggérer, à distiller des conseils, techniques, de placement. Toujours prête à tout, à anticiper un besoin, déceler une gêne, simplement pour que les gardiennes se sentent bien. Mais sans jamais étouffer. « Quantifier le nombre d’informations que tu peux donner en match ou même à l’entraînement est nécessaire, dit-elle, parce que lorsque l’on est une jeune en formation par exemple, on a envie d’apprendre beaucoup de choses. »

Cléopatre Darleux a d’autres besoins, d’autres envies. « J’ai toujours quelque part l’impression qu’elle est ma coéquipière, rigole-t-elle, parce que l’on avait déjà une relation qui allait au-delà de ce simple statut. Elle comprend toutes les problématiques. Limite, des fois, je n’ai pas besoin de lui dire les choses, elle sait, elle comprend, et la communication est facilitée. On a peut-être des discussions que l’on n’avait pas forcément avant, et c’est ça qui est enrichissant. On va par exemple plus parler des joueuses adverses, de choses plus techniques. Parfois je la sens dans la retenue et je n’hésite pas à lui dire : je suis comme une jeune, n’hésite pas… »

Une jeune parmi d’autres jeunes. Parce que l’on a vraiment l’impression qu’Amandine Leynaud croque dans la mission comme elle croquait dans sa première sélection face à l’Allemagne. Il y dix-sept ans…

Philippe Pailhoriès

Cléopatre Darleux et Camille Depuiset après la victoire face à la Pologne, dans la Glaz Arena de Cesson- Rennes. (Photo FFHandball / J.Schlosser).