Quatrième invité de la rubrique « Le fil d’Ariane », Michaël Guigou se confie à son tour sur les liens forts qui l’unissent à son mentor, plus précisément à ses mentors. L’ailier gauche de l’équipe de France évoque la relation intime qu’il entretient avec son épouse et avec son compère Luc Abalo.

Avec madame
Difficile de passer outre une contre-performance ou des moments de doute, même s’ils sont rares. Lorsqu’il n’évolue pas sous le maillot tricolore, Michaël Guigou se tourne surtout vers son épouse. Et comme dans la plupart des couples, l’intensité des échanges peut varier. « Oui il nous arrive de nous disputer aussi à cause du handball. Ma femme, elle est franche et elle me pique, c’est la seule personne à faire cela avec moi. C’est toujours constructif et jamais en termes techniques. Cela me fait réagir et cela m’aide à me poser les bonnes questions. » Des interrogations qui portent sur le terrain mais pas seulement. « Si je n’ai pas été à la hauteur ou un peu en-dedans sur un ou deux matches, elle sait quand et comment le dire les choses. Au cours de ma longue carrière, j’ai aussi connu des blessures et des opérations, des moments délicats avec Montpellier, ou un changement d’entraineur en équipe de France, elle m’apporte du soutien. » Un soutien réciproque. « On discute forcément de son activité. Elle est notaire et responsable de salarié.e.s. Je donne parfois mon avis et je suis surtout un soutien pour elle. Car c’est un métier où il y a beaucoup de pression avec souvent des rencontres avec des gens qui sont en fin de vie. » Ainsi les victoires et les défaites sont dédramatisées auprès de la petite fille du couple. « Nous avons fait en sorte qu’elle ne soit pas impactée émotionnellement. Elle était présente au Parnasse, le soir de notre défaite face à Créteil. Elle m’a dit que l’on avait perdu mais je lui ai répondu que ce n’était pas grave et on est passés à autre chose. » Michaël Guigou n’a pas réellement de superstition ou de routine entretenues par son entourage. « Le jour de match, je reçois toujours un texto de Mamie Coco, ma grand-mère avec laquelle je parle tous les jours au téléphone. En revanche, avec ma femme, on essaie de s’appeler mais avec son activité professionnelle, ce n’est pas toujours aisé ; il n’y a donc pas d’habitude. »

Michaël Guigou et Luc Abalo, à la Maison du Handball. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Et Lucho
« Luc Abalo est un bon mec. Il a vraiment bon fond, cela fait du bien de vivre des choses avec lui. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais notre amitié, elle est ainsi. Avec Lucho, on ne s’est jamais disputés. Il m’a toujours accompagné et soutenu. Il fait du mieux qu’il peut et de manière constructive. »
Ces deux-là, les deux esthètes des ailes, partagent leur quotidien sous le maillot bleu depuis une bonne douzaine d’années, soit environ 700 nuits communes ! « Nous n’avons pas de rituel qui lance nos discussions. Après les matches, cela dépend des soins, de la fatigue. C’est donc un peu au jour le jour. Nous ne sommes pas forcément durs l’un envers l’autre. Nous ne sommes pas sur un mode, « t’es pas bon » mais plutôt « ça, tu le fais bien » ou « tu aurais pu faire autre chose ». Nous essayons de nous apporter des solutions constructives. » Mika et Lucho font partie des cadres et même des « anciens » qui ont largement contribué aux étoiles qui ornent leur maillot. Et naturellement leur rôle au sein d’un groupe rajeuni évolue. « Depuis quelques années on se pose des questions car nous sommes moins insouciants : on se demande ce que l’on peut apporter au groupe et au staff. Récemment, on a essayé de régler des problèmes que finalement on ne pouvait pas résoudre, alors on a gardé notre énergie pour nous. » Les deux compères se retrouveront bientôt à Chambéry pour ce qui sera très probablement leur dernière rentrée en équipe de France. « Nous avons envie de vivre de belles choses ensemble, sans pression et sans arrière-pensée. J’espère que nous prendrons un nouvel élan en novembre », espère Michaël Guigou qui pourrait, au terme de quelques dizaines de nuits partagées avec son acolyte, franchir, en 2021, le cap des 300 sélections (283 à ce jour).

HGu