Invitée de la rubrique « Le fil d’Ariane », l’arrière droite des Bleues Océane Sercien-Ugolin raconte celles qui l’ont poussée à devenir handballeuse, son ancienne professeure de sport et sa mère.

Son ancienne professeure d’EPS
Océane Sercien-Ugolin se souvient de ses années de collège, de son amour pour le sport, et d’un déclic. « Ma prof de sport m’a vraiment dit que je pouvais faire quelque-chose dans cette discipline. » Cette professeure est Pandora Demit Siguan, rencontrée au collège de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), en classe comme à l’AS hand, dont elle s’occupe. « Elle débordait d’énergie, elle avait une appétence pour cette activité, c’était redoutable », en rigole aujourd’hui l’enseignante.

Pandora décèle donc le potentiel de son élève mais refuse d’en tirer une gloire quelconque. « C’était évident qu’elle ferait du hand, avoue-t-elle. Elle avait un bras de dingue, de la rapidité, de la puissance, de la force. On n’a pas toujours la chance, comme prof d’EPS, de rencontrer des sportifs accomplis comme elle. » Des qualités remarquées, et un caractère affirmé, déjà, pour Océane, qui s’entraînait alors avec les garçons. « Elle avait une aura, poursuit Mme Demit Siguan. J’ai souvenir d’un match qu’elle arbitrait, un prof d’EPS râlait et elle lui a mis carton rouge, elle l’envoie dehors. On est tous restés cois mais on était très contents qu’elle intervienne. »

Plus que d’avoir accompagné une jeune qui adore le sport, Pandora est celle qui a permis d’y croire. « Elle m’a dit que je pouvais faire une force de ce que je pensais réducteur, être bonne en sport, rembobine l’internationale de 23 ans. Ça ne voulait pas dire que j’étais bête, plein de sportifs développent des qualités intellectuelles que d’autres n’ont pas forcément. » « C’est un problème qu’on relève souvent à l’école, poursuit l’enseignante, on différencie le corps et l’esprit. ‘’Si un gamin est bon en sport, c’est gentil, mais à quoi ça sert ?’’ Pour Océane, il fallait insister auprès des collègues, dire qu’elle n’avait pas trouvé sa place pour l’instant. Elle m’a parlé de STAPS assez vite et je lui ai dit de foncer. Elle manquait peut-être de confiance. Mais c’est essentiel de voir chez ces gamins ce potentiel : je pense qu’on ne peut pas être sportif de haut niveau si on n’est pas plus intelligent que la moyenne. »

Océane Sercien-Ugolin raconte celles qui l’ont poussée à devenir handballeuse, son ancienne professeure de sport et sa mère. (Photo DR).

Le lien persiste aujourd’hui. Plus lointain, d’autant que la professeure officie désormais dans le Var. Mais les réseaux sociaux offrent un lieu d’échange régulier où il est question de danse, une passion que partagent les deux femmes, de blagues – « parfois, elle me chambre », sourit la joueuse – et, finalement, peu de hand. « Elle est largement au-dessus de moi niveau technique, reconnaît en souriant Mme Demit Siguan. Mais j’essaie de lui envoyer des petits mots plutôt légers, avant ou après un match, ou en réaction à une action transcendante. » « Le fait qu’elle m’envoie des messages, qu’elle réagisse à mes publications, qu’elle soit fière de ce que je fais, je lui en suis extrêmement reconnaissante, souligne Océane. Au fur et à mesure d’une carrière, il y a des gens qui se rajoutent dans notre entourage, mais des gens qui étaient là dès le début et qui croyaient en nous, il n’y en a pas tellement. Elle m’a poussée à faire du sport, à me dépasser, et je la remercie pour ça. Elle est un rayon de soleil dans ma vie de tous les jours. »

Sa mère
Douée pour le handball, Océane Sercien-Ugolin a suivi le parcours royal en passant par le pôle de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), avant de rejoindre Issy-Paris en centre de formation. Ce qui n’aurait pas été possible sans sa mère, souligne-t-elle. « C’est elle qui m’a permis de faire du hand, au pôle et tout ce qui s’en suit, financièrement parlant. Je n’étais pas loin de chez moi mais elle s’est beaucoup sacrifiée. Je suis consciente de ça et j’ai essayé, au pôle, de ne pas faire n’importe quoi. »

Lors de l’EHF EURO 2020 disputé à Herning (Danemark), Océane Sercien-Ugolin a remporté la médaille d’argent avec les Bleues. (Photo FFHandball / Iconsport).

Auxiliaire puéricultrice en crèche, la mère d’Océane a toujours encouragé sa championne de fille, quitte à ce que ce soit de plus loin, en raison des matches partout en France ou en Europe. « Depuis que j’ai 14 ans, je ne suis pas beaucoup chez moi, rappelle la joueuse de Ljubljana (Slovénie). Elle s’est beaucoup torturée l’esprit quand, parfois, je partais à l’étranger pour une compétition avec l’équipe de France. Je vois à quel point elle se bat dans sa vie de tous les jours et j’essaie de le rendre un peu sur le terrain. »

Une source d’inspiration, un enracinement aussi. « C’est bateau, mais c’est une réalité : quand on commence à toucher du doigt ses rêves, soit on perd pied et on tombe dans le faste, le bling-bling et tout ce qui s’en suit. Soit on en revient à l’essentiel et à la famille, à ma mère, mon père, mes frères, ma sœur, mes amis proches. » Océane Sercien-Ugolin a choisi l’essentiel.

AGC