Invitée de la rubrique « Le fil d’Ariane », Pauletta Foppa évoque le lien technique avec son formateur, Jonathan Mouton, CTS Ligue Centre Val de Loire.

Une laborieuse mise en route
Ils se sont croisés très tôt sur un terrain de handball, presque dès les débuts de la demoiselle du Loiret dans la discipline, après des essais au football et au basket. En fait, à la fin de son cursus primaire, à l’occasion d’un tournoi des écoles sur gazon, Pauletta Foppa s’initie à la petite balle pégueuse et décide de rejoindre le club de Montargis à la rentrée suivante et le grand saut pour le collège. Elle y retrouve par hasard plein de copines de son ancienne et de sa nouvelle école. « Au début je dois dire que je n’aimais pas plus que cela le handball, concède l’intéressée. Je me souviens, en -12 ans, il n’y a pas de poste et je ne savais pas trop où me situer sur un terrain. Heureusement c’était plus structuré en -14 et c’est à partir de là que cela à commencer à me plaire. Il me fallait des repères, un poste, des objectifs, contrairement à la passe à dix en -12. Je ne cherchais rien dans le sport mais ma mère voulait se débarrasser de moi et me fatiguer pour être plus supportable à la maison. » (rires). Et puis surtout il y avait les amies et le plaisir de se retrouver en dehors du cadre scolaire.

Jonathan Mouton faisait partie lui des observateurs attentifs et privilégiés, qui n’allaient pas tarder à détecter le potentiel. « Nous avons commencé à la suivre en sélection départementale sur son année d’âge de 5e. Elle était assez grande pour son âge et dotée d’une motricité intéressante en fonction de son gabarit, mais la grosse difficulté était qu’elle avait tendance à se mettre au niveau de son environnement de jeu. Elle marquait toujours 6, 7 buts par match, que ce soit dans sa catégorie d’âge ou surclassée. On mesurait forcément son potentiel mais elle se contentait du minimum en fonction de l’adversité. Ce fût un long combat pour qu’elle donne sa pleine mesure. C’était indéniable qu’elle avait du potentiel, encore fallait-il qu’elle se le mette dans la tête et accepte de faire les efforts qui allaient avec. »

Quelques couacs avant le déclic
« J’ai eu la chance de côtoyer beaucoup de bons entraineurs tout au long de mon cursus, mais je pense que le coach qui me connaît le plus c’est Jonathan Mouton, atteste une Pauletta absolument pas rancunière de ce traitement de faveur. Bien au contraire. Il est au pôle, me suit toujours depuis mes débuts, et m’a appris tout ce qu’était le handball et ce que je pouvais en faire avec mes qualités. Il est très investi chez les jeunes, la découverte du handball et du haut niveau, et c’est lui qui a provoqué le déclic en moi lorsque je suis rentrée au pôle. Je n’ai pas toujours été facile, j’en ai conscience, j’y ai été de 13 à 17 ans et je n’ai pas échappé au passage de l’adolescence. J’ai vraiment pris conscience des choses en classe de 1ère, nous n’étions pas tout le temps sur la même longueur d’onde, je peux être têtue. Ce qui est sûr c’est qu’il avait détecté mon potentiel avant que j’en vois moi-même l’intérêt. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui l’énervait le plus. »

Pauletta Foppa et ses partenaires en 2016 et la victoire lors des interpoles. (Photo DR).

« Elle devait accepter d’être douée et surtout de devoir malgré tout travailler plus que les autres pour atteindre les objectifs de haut niveau, résume en écho le formateur. Lorsqu’elle a commencé les sélections cadettes sur son année de seconde, avec des compétitions et notamment un championnat méditerranéen en 2016, où elle a été élue meilleure joueuse, meilleur pivot et meilleure buteuse du tournoi, je lui ai fait comprendre que le plus dur commençait. Nous étions en avril et je me souviens que cette fin d’année de seconde a été particulièrement compliquée pour Pauletta. Mais on ne peut pas attendre que l’adolescence se passe. Nous lui avons fait comprendre qu’il fallait que cela change ou on ne la conservait pas en structure malgré son potentiel. Le changement a été notable dès sa rentrée en première. Je pense aussi à un autre événement notable : elle est passée au travers d’une demi-finale du championnat d’Europe France jeunes face à la Suède, alors qu’elle était leader de sa génération, il n’y a même pas eu de médaille au bout et cette défaillance l’a marquée et décidée à aller encore plus loin dans son investissement. »

Précocité et détermination
Nous étions alors en 2017, la jeune fille n’avait que seize ans et ponctuait l’épisode Nationale 1 avec son club de Montargis. Dans la foulée, elle découvrait la Ligue féminine au sein de Fleury-les-Aubrais, avant le grand saut pour Brest, la Ligue des champions et l’équipe de France (championne d’Europe 2018 en guise de baptême du feu). Sans passer par la case centre de formation ni les sélections juniors. Mais toujours sous l’œil avisé de son technicien référence. « C’est vrai que je ne l’ai jamais ménagée, mais uniquement dans son propre intérêt et c’est ainsi que nous avons établi notre relation. L’avantage de Pauletta est qu’elle est investie dans l’idée de performer et qu’elle prend toujours mes remarques de manière positive. Surtout elle essaie de le mettre en application au match suivant. Lorsque j’estime qu’il y a un domaine où elle pourrait progresser, je lui envoie quelques séquences et cela permet de la faire avancer un peu plus. »


Jonathan a toujours un œil bienveillant sur moi.

« Jonathan a toujours un œil bienveillant sur moi, corrobore la joueuse. Je ne sais pas s’il voit tous mes matchs, mais en tout cas il réagit dès que je fais quelque chose de mal. En fait il m’envoie un message sur WhatsApp avec tout le négatif qu’il a repéré et comment y remédier. C’est bien car c’est constructif et c’est la relation qu’il a toujours eue avec moi. Il m’envoie des petites vidéos et me dit que je peux travailler ci ou ça, que selon ma morphologie et mon profil, c’est mieux si je me baisse ainsi. Ce n’est pas systématique non plus mais il ne me loupe pas si j’ai mal fait quelque chose. Je sais que c’est forcément pour me faire progresser et j’aime bien savoir qu’il a toujours un petit œil sur moi, même de loin. Cela me fait plaisir. J’ai besoin de ce regard là. »

« C’est mon principe de formateur, d’être dur avec la joueuse, pour l’aider à se développer et progresser, tout en étant bienveillant avec l’individu. Je suis surtout content pour elle, je l’ai vue passer d’enfant à jeune femme. Et d’un point de vue technique, c’est forcément agréable de la voir évoluer à ce niveau-là. Elle sait qu’il y a encore beaucoup de travail si elle veut devenir une référence mondiale à son poste. Nous avons fait le plus gros du chemin, mais ce n’est pas pour autant le plus simple qui l’attend désormais. » Car tous les deux sont évidemment unanimes sur les progrès à accomplir. Et que l’histoire soit plus belle encore vers les sommets de la discipline !

AGC

Jonathan Mouton et Paletta Foppa lors d’un stage en Roumanie en 2016. (Photo DR).