Cinquième invité de la rubrique « Le fil d’Ariane », Romain Lagarde se confie à son tour sur les liens forts qui l’unissent à son mentor. L’arrière gauche de l’équipe de France évoque la relation qu’il entretient avec son père, Éric.

« Je n’ai pas souvenir de mon père lorsqu’il était joueur, j’étais trop petit. En revanche, dès que j’ai commencé à jouer, à l’âge de 9 ans, il assistait à tous mes matches. Il a toujours été derrière moi, se souvient Romain Lagarde qui a mis le cap l’an passé sur la Bundesliga et le club de Rhein-Neckar Lowen. Papa a beaucoup d’anecdotes. À la maison, y a même des vieilles cassettes VHS en N&B de certains de ses matches », sourit Romain qui a toujours baigné dans le handball, une véritable passion partagée par toute la famille. Chez les Lagarde, Christine, la maman, a joué en N2A et les quatre enfants (deux filles et deux garçons) ont marché sur le 40×20, dans les pas de leurs parents. Jusqu’au benjamin de la famille, Odin, bientôt 11 ans, qui s’entraine évidemment avec le maillot de son aîné sur le dos. Éric, le papa, a évolué jusqu’en N1B, du côté d’Angers. « Mon père était plus léger que moi et je le dépasse de 10 cm. Il était arrière droit et il jouait plus dans le registre de la finesse », décrit Romain qui se souvient des premiers échanges. On a toujours débriefé après les matches. Les discussions se sont approfondies à partir de mes 15 ans. Il me disait souvent que j’allais trop au contact, que je pouvais tirer de loin, sans me faire toucher. Il me disait qu’aller au contact, cela pouvait provoquer des blessures. » Des conseils et des remarques qui n’ont jamais empêché Romain de « mettre la tête. » « J’ai toujours regardé Niko (NDLR : Karabatic) à la télé. Cela vient peut-être de là. Cela fait partie de mon jeu. » Éric l’admet avec bienveillance. « Oui c’est vrai, il a un peu le même style de jeu que Nikola Karabatic. La tête, il faut la mettre de temps en temps et Romain a le physique pour cela. Je ne sais pas si je suis vraiment son mentor mais j’ai un peu joué au handball j’ai une petite expertise sur la façon de jouer. Ce que je lui dis, ses coaches lui disent aussi ! Je discute beaucoup avec Romain sur sa capacité à libérer la balle mais aussi sur le fait qu’il ne prend pas suffisamment de risques individuellement. » Après chaque match, père et fils échangent, depuis toujours. « Il me demande si je ne me suis pas fait mal. Si je n’ai pas beaucoup joué, il me dit qu’il faut me remettre au travail. Il me donne toujours des petits conseils et si parfois il émet des critiques, oui cela peut-être un peu chiant parfois, c’est parce qu’il sait que je suis capable de réagir. » Éric admet conserver un discours franc et direct. « C’est un peu mon défaut. Même si c’est bien, je n’hésite pas à le féliciter, je crois qu’on peut toujours faire mieux. Et pour cela, il faut toujours travailler. Même si c’est aujourd’hui son métier, il faut que cela reste un jeu et que Romain prenne du plaisir. Son évolution est remarquable et je suis fier de ce qu’il est devenu. Il est resté simple, n’aime pas les conflits et il a des valeurs. Et de poursuivre : Lorsqu’il est de retour en Bretagne, il revoit ses copains, en toute simplicité. La seule différence, c’est qu’il sort avec sa bouteille de Perrier. »

Romain Lagarde et ses parents, Christine et Éric. (Photo DR).

Épanoui en Allemagne
« Lorsque j’étais au pôle de Cesson, il a fallu choisir un centre de formation. J’ai pas mal discuté avec mon père afin de faire le meilleur choix possible, notamment avec Cesson et Nantes,
se souvient Romain. J’ai choisi Nantes car j’ai pensé que je pourrais plus apprendre, aussi parce que le club disputait la coupe d’Europe. En marge d’un tournoi à Lanester avec Nantes, Thierry Anti était aussi venu me voir jouer sur un petit tournoi lorsque je jouais avec la N1 de Lanester. » Un soutien paternel toujours actif de Nantes à Rhein-Neckar. « Nous avons conservé des liens étroits avec Thierry Anti qui a une façon très paternelle de fonctionner avec les joueurs. Et Romain a besoin de cette confiance », estime Éric. Aussi de se concentrer uniquement sur le handball. « Mon père m’aide beaucoup sur les aspects administratifs. Je ne m’occupe pas du financier afin de me concentrer uniquement sur le handball. » Éric investit afin de préparer l’après handball de son fiston et il garde un œil affectueux, même à un millier de kilomètres. « La première année en Allemagne a été un peu compliquée. Il coupait les liens avec tout le monde et il y avait la barrière de la langue. Désormais, il parle allemand et on sent qu’il est beaucoup plus épanoui. Cela se ressent dans sa façon de jouer. » Les années passant, le lien est toujours aussi prégnant. « Je pense que les échanges se poursuivront, sourit Romain. Mon père dirige une entreprise d’agro-alimentaire mais il s’organise pour voir tous mes matches. Ma famille était aussi présente lors de l’Euro en Croatie. » Éric et Christine, accompagnés de la fratrie, avaient mis le cap sur Zagreb pour soutenir le jeune international. « Nous sommes très fiers d’avoir notre fils qui défend les couleurs de la patrie. C’est quelque chose de magnifique de porter ce maillot, rapporte Éric qui avait pu glisser des bons mots à l’oreille du fiston. « Papa m’avait dit d’être fier de porter le maillot, de me donner à fond, de ne pas me prendre la tête sur les premières sélections et de ne pas avoir de regrets. »

HGu