Acteurs sur les J.O. de Tokyo, ils racontent leur mission au sein du Yoyogi National Stadium et comment ils ont vécu l’extraordinaire dénouement avec les médailles d’or décrochées par les équipes de France. 1er épisode avec Paul Landuré, analyste pour l’IHF.

Retraité de la Direction Technique Nationale de la FFHandball depuis septembre 2020, Paul Landuré est toujours un acteur très actif dans l’univers du handball. Sur les Mondiaux (femmes, hommes et jeunes), l’ancien entraîneur national poursuit en effet sa mission au sein de la commission des méthodes de l’IHF (fédération internationale de handball). L’été dernier à Tokyo, il a ainsi couvert les 76 matches des deux tournois olympiques qui ont consacré le succès des équipes de France. Avec ses deux collègues allemands, Dietrich Spaete (président de la commission) et Jochen Pbeppler (responsable du PPF masculin de la fédération allemande), Paul Landuré livre quelques observations sur le déroulement des J.O. 2020 organisés un an après le rendez-vous initial. « Compte tenu de la crise sanitaire de la Covid-19 qui a obligé les différentes familles du handball à être placées sous isolement, toutes les équipes étaient extrêmement investies. Malgré les contraintes, elles ont su élever leur niveau de performance. C’est remarquable que tout le monde ait suivi les règles au bénéfice de la compétition, souligne le technicien. L’observation principale concerne la qualité du jeu produit qui continue à progresser. La vitesse et l’efficacité rendent plus attractive et plus spectaculaire la discipline. Ainsi, nous n’avons pas observé beaucoup de matches de qualité moindre. Globalement, le jeu produit par plusieurs équipes démontre une meilleure maîtrise de leur système de jeu. La préparation et la gestion de la compétition ont été particulièrement bien menées par les athlètes et les staffs. »

« La préparation et la gestion de la compétition ont été particulièrement bien menées par les athlètes et les staffs. »

Sur le tournoi féminin où douze équipes étaient engagées, Paul Landuré évoque « la défaillance de certaines équipes au bénéfice d’autres formations, je pense, notamment aux Pays-Bas. Les équipes de Russie et de France étaient en difficulté lors du tour préliminaire, mais elles ont su se remobiliser pour atteindre la finale. » Avec ses collègues allemands, il a également suivi toute la dramaturgie du tournoi masculin seulement quelques mois après le Mondial en Égypte. « Une différence s’opère entre les 4-5 meilleures équipes et le 2e niveau international, si on peut le qualifier ainsi. Les stratégies de jeu proposées par ces équipes leur donnent un temps d’avance. Ces J.O. ont confirmé le travail de fond, depuis 5-6 ans, effectué par l’Égypte ; une tendance appuyée par les résultats de ses équipes jeunes. L’Égypte est l’équipe du futur qui va régulièrement se mêler aux 4-5 meilleures équipes de la planète. »

Paul Landuré et Dietrich Spaete, à la table officielle de l’IHF, pendant le tournoi olympique à Tokyo. (Photo DR).

Paul Landuré a longtemps officié auprès des équipes de France jeunes. « J’ai eu le plaisir d’entraîner l’équipe de France U20F jusqu’en 2012 et le titre de vice-championne du monde de la formation où figuraient notamment Grace Zaadi-Deuna et Pauline Coatanea. » Même s’il n’a pas pu célébrer depuis la table officielle (réserve de sa position à l’IHF oblige), il a pris un plaisir particulier à suivre ces filles qui ont progressé dans leur carrière professionnelle et en équipe de France. Du côté masculin, il n’a pas non plus boudé son plaisir. Adjoint de Sylvain Nouet lorsque les Bleuets décrochèrent, en 1997, la médaille de bronze du Mondial U21M, il a ainsi vu éclore un certain Guillaume Gille. « J’ai en effet eu le plaisir de vivre le Mondial 97 avec lui et de voir son évolution, de joueur professionnel puis en équipe de France. Le voir maîtriser ainsi son sujet, au terme d’un parcours exemplaire, c’est réjouissant, abonde Paul Landuré, admiratif. J’ai apprécié la capacité de Guillaume à être un leader qui maîtrise tous les aspects d’un projet de performance. Il a su faire la synthèse de toutes les composantes et la personnaliser avec ses propres convictions. C’est une réussite née d’un travail de fond qu’il a su mettre en œuvre et bien gérer. Il faut aussi associer le staff qu’il a lui-même choisi et managé. »

Hubert Guériau