Acteurs sur les J.O. de Tokyo, ils racontent leur mission au sein du Yoyogi National Stadium et comment ils ont vécu l’extraordinaire dénouement avec les médailles d’or décrochées par les équipes de France. 2ème épisode avec Joël Delplanque, premier vice-président de l’IHF.

« Les compétitions telles que les Jeux olympiques et les championnats du monde obéissent à un rituel avec une communauté qui se retrouve quel que soit l’endroit. Ce que je qualifie aussi de routine, ce sont les pratiques, les fonctionnements, toutes ces règles non dites qui voit évoluer toutes celles et tous ceux qui sont désignés à des postes différents de responsabilité. Tout cela fait partie du rituel et de l’influence de chacun dans sa sphère de relations, pose Joël Delplanque, premier vice-président de l’IHF sur les deux tournois de handball des Jeux olympiques. Indépendamment des joueuses, des joueurs et des coaches, il y a aussi une représentation française dans les instances. » Outre Paul Landuré (épisode 1), Camille Guichard (épisode 3 à venir) faisait aussi partie de l’équipe de l’IHF.

La tribune officielle d’une installation olympique voit défiler des membres éminents du Comité international olympique (CIO), à commencer par son président Thomas Bach venu assister au match masculin entre la France et l’Allemagne. « C’est un lieu de relations publiques très important, avant match, à la mi-temps et après match. Celui des félicitations et des regrets, des moments d’émotion et des temps de communication, détaille l’ancien président de la FFHandball (2008-2020). Au-delà du match, nous évoquons l’actualité du handball, l’évolution du jeu, tous les sujets y passent. » Guy Drut, Albert de Monaco, tous deux membres du CIO, Tony Estanguet (président de Paris 2024), Jean-Philippe Gatien (directeur des sports de Paris 2024), Anne Hidalgo (Maire de Paris) et bien entendu la ministre déléguée aux sports, Roxana Maracineanu, sont venus à plusieurs reprises encourager les équipes de France. « Tous les ministres sont supporters, souligne Joël Delplanque. Mais il y a des règles à observer vis-à-vis des collègues autour. On doit se contenir, ce qui m’a valu de faire une remarque à notre ministre, sourit Joël Delplanque. Elle a rétorqué : « avec Joël, cela ne rigole pas. » C’est ainsi que Roxana Maracineanu s’est installée, en simple supportrice, au milieu des joueurs l’équipe de France masculine, venus encourager les Bleues lors de la finale. « Personnellement, j’avais l’estomac qui se tordait régulièrement pendant les matches. Je les ai d’ailleurs tous suivis, minute par minute, par messagerie instantanée, avec Jacky Bettenfeld. Il n’était pas présent à Tokyo, mais il est bien meilleur technicien que moi. Notre complicité est ancienne et son analyse plus fine donne une lecture immédiate sur le jeu. »

Au premier rang : Hassan Moustafa, Anne Hidalgo et Joël Delplanque (photo FFHandball / Iconsport).

« Je suis admiratif de Nikola Karabatic »
Président de la commission de discipline pendant les Jeux olympiques, Joël Delplanque a traité 3-4 affaires. « Ces dossiers étaient principalement liés au respect des règles sur les dimensions des publicités, les tenues et les règles de numérotage. La dernière en date a concerné le bon respect du protocole. » Au-delà de cette fonction disciplinaire, il a été amené parfois à présider le jury d’appel. « Même si j’étais présent dans la salle, la frustration était de mise, car, en raison du protocole sanitaire, il n’était pas possible d’avoir des échanges directs avec les staffs. C’est depuis la tribune, en surplomb du terrain, que j’écoutais Olivier Krumbholz me donner les dernières indications sur l’état de forme, le dernier entraînement… Idem avec Guillaume Gille qui me communiquait les dernières nouvelles. » La frustration a fait place à « une énorme satisfaction de voir quelques décisions validées par le terrain, d’une part, de voir la qualité du jeu produit également d’autre part. Et j’observe une assez grande similitude entre les deux équipes avec la place qu’elles accordent à la défense. Je pense aussi à nos anciens, Luc Abalo et Michaël Guigou, qui ont été à la hauteur. Je suis aussi admiratif de Nikola Karabatic qui, après une longue période de préparation, a une fois de plus été exemplaire et tout à fait à sa place. La mixité des générations, dans les deux équipes, a été heureuse. C’est à mettre au crédit des coaches dont l’expérience de l’environnement olympique a permis de rester concentré sur le jeu. »

L’ancien président de la fédération, qui avait porté le Mondial 2017 et l’Euro 2018, sait combien le rayonnement du handball en France est un enjeu majeur. « Les journalistes, les consultants et les réseaux sociaux, donnent à nos résultats un retentissement non négligeable pour l’avenir, notamment si la FFHandball est candidate à l’organisation d’événements. Les instances internationales sauront l’important soutien du public et médiatique, poursuit Joël Delplanque qui s’est réjoui des prises de parole de tous les champions olympiques. Dans ce moment d’intensité et d’audience, chaque mot bien dit et bien prononcé, compte. La qualité des messages que les joueuses et les joueurs ont délivrés avec le respect de leurs adversaires et en direction du monde amateur, conforte leur statut de meilleurs ambassadeurs de notre sport, au-delà des résultats. »

Hubert Guériau