Acteurs sur les J.O. de Tokyo, ils racontent leur mission au sein du Yoyogi National Stadium et comment ils ont vécu l’extraordinaire dénouement avec les médailles d’or décrochées par les équipes de France. 3e épisode avec Camille Guichard du département compétitions de l’IHF.

Assistante du directeur de compétitions du Mondial IHF 2017 en France, auprès d’un certain Olivier Krumbholz, Camille Guichard a ensuite brillamment enchaîné avec la fonction enviée de responsable de la compétition sur l’EHF EURO 2018 organisé aussi en France. Repérée par l’IHF, elle a rejoint en janvier 2020 le département compétitions de l’institution internationale basée à Bâle. Après le Mondial en Égypte, la jeune bretonne a poursuivi sa mission à Tokyo, pour les Jeux olympiques. « Nous sommes plusieurs à travailler au sein du service compétition dirigé par Patric Strub. Mon rôle est de faire le lien avec les équipes participantes, les délégués et les arbitres. En amont, j’ai préparé les listes prévisionnelles puis les définitives des équipes engagées. Pendant la compétition, j’étais aussi en charge d’organiser la réunion technique, la procédure de sélection des équipes, d’enregistrer les remplacements effectués, de vérifier les couleurs des équipements. Je m’occupais aussi d’une partie de la logistique, en lien avec le comité d’organisation japonais. » Depuis le département compétition, Camille Guichard reçoit et gère les demandes des délégations avec le souci de l’équilibre entre l’application des règlements et la satisfaction des équipes participantes. Elle livre d’ailleurs une anecdote amusante sur les Bleues victorieuses du Brésil et leur billet en poche pour les quarts de finale. « L’équipe de France m’a fait une requête particulière. Le staff a voulu conserver le polo rouge sur le banc et les filles ont souhaité leur maillot blanc sur les matches suivants. Ce n’était pas la seule équipe à demander cela. Conserver le même vestiaire fait aussi partie des demandes liées aux superstitions, sourit Camille Guichard qui précise, soucieuse d’impartialité : J’entretiens de bonnes relations avec toutes les équipes. Que ce soit la France ou l’Angola, c’est un devoir de fournir le même niveau de service. Et on préfère naturellement lorsque les staffs sont comblés. » Satisfaire les staffs fut une véritable entreprise lorsqu’il s’est agi de garantir les meilleures conditions de jeu possibles après que les équipes se soient émues d’un sol parfois glissant en raison de l’humidité. « Ce sujet technique a été discuté avec l’équipe du COJO. Tous les tests avaient été effectués avec une jauge pleine. En plein été avec la chaleur importante à l’extérieur et sans spectateurs, ce fut un défi de trouver le bon réglage entre la température et la ventilation. »

Camille Guichard avec les volontaires du COJO Tokyo 2020. (Photo DR).

« Un énorme kif »
« Tokyo 2020, c’était mes premiers J.O. alors même avec le huis clos, je ne suis pas déçue car je n’avais pas d’éléments de comparaison avec des éditions précédentes. Franchement, tout était impressionnant, c’était un énorme kif. Dès l’aéroport avec la remise de l’accréditation qui sert de visa, on comprend bien que tout le pays et les autorités sont mobilisés, raconte Camille Guichard. Voir tous les taxis avec les symboles olympiques, tous les volontaires en uniforme officiel, tu te rends compte de tout le potentiel qu’il y aurait eu avec la présence du public. J’étais d’autant plus consciente d’être privilégiée lorsque je recevais des messages de mon entourage. Les J.O. sont en effet bien plus suivis que les autres compétitions. » Pour une première plongée dans l’univers olympique, Camille Guichard a été gâtée avec le parcours exceptionnel des équipes de France. « Avec les collègues de l’IHF, on se charrie au travers des résultats de nos nations respectives. Handballeuse et Française, je me suis réjouie des performances. Plus la compétition avançait et plus la possibilité de faire mieux qu’à Rio, un résultat déjà incroyable, pouvait se concrétiser, c’était excitant. » Mais c’est seulement à la fin des tournois que la jeune femme s’est laissée submerger par l’émotion. « J’étais occupée jusqu’au début du protocole, mais j’ai pu assister aux deux Marseillaise et j’ai eu des frissons. Oui, ça met la chair de poule et les larmes aux yeux. » Camille Guichard devra encore maîtriser ses émotions lors de la prochaine édition des Jeux olympiques, en 2024. Elle officiera en effet du côté de Lille et de stade Pierre Mauroy qu’elle connaît sous toutes les coutures depuis le Mondial 2017.

Hubert Guériau