Secrétaire générale de la FFHandball, Béatrice Barbusse évoque l’impact du coronavirus Covid-19 sur les structures que compte la fédération. Elle pose aussi son regard de sociologue sur la crise actuelle et ses conséquences sur notre société.

Cette crise du Covid-19 a impacté tous les individus et toutes les sphères de la société. Quels sont les premiers enseignements et les conséquences du confinement ?
Avec cette pandémie, tout le monde a pris conscience que notre société est mondialisée et que nous sommes donc tous interdépendants. Je pense également que beaucoup de monde a compris que notre mode de vie contemporain nous conduit dans une impasse. Mais je suis sceptique sur le fait que le monde d’après soit radicalement différent qu’avant. De ce point de vue la période que nous vivons n’est pas comparable à une guerre mondiale qui a duré plusieurs années. Et d’ailleurs, on constate que dans l’histoire il y a peu de véritables ruptures. Et même la révolution française n’a pas été une rupture historique en tout cas pas pour tout le monde et je pense aux femmes notamment.
Mais l’enseignement principal selon moi c’est que cette pandémie a réussi à rendre visible, aux yeux de tous, de nombreuses inégalités que bon nombre ne voyaient pas à ce point avant : sociales, de genre, spatiales, ethniques. Par exemple, sur le plan spatial, tout le monde se rend compte que nous n’avons pas vécu les mêmes choses face au confinement. On constate des inégalités entre les territoires plus ou moins impactés, entre ceux qui sont dans des logements (avec ou sans balcons, dans une résidence ou une HLM, avec plus ou moins de m2…) et ceux qui sont dans des maisons avec jardin, ceux qui ont pu se confiner dans leurs résidences secondaires loin des lieux où le virus est le plus actif… On a pu constater également des différences de traitement dans les contrôles policiers mais aussi du racisme notamment envers la communauté asiatique au début.
L’inégalité de genre a été rendu plus visible notamment en matière de partage des tâches domestiques car même si certains hommes prennent leur part, les quelques études réalisées démontrent la charge mentale accrue sur les femmes qui doivent gérer les enfants, la cuisine, la maison, en plus de leur travail. La crise a révélé également les inégalités très fortes des salaires entre les femmes et les hommes, ces dernières étant souvent en première ligne : caissières, aides-soignantes, infirmières … et sans compter les milliers de femmes qui ont cousu gratuitement des masques.
Toutes ces inégalités démontrent que nous ne sommes pas tous armés de la même façon, face à la maladie et à la mort, donc face à la vie. Au fond, comme la suggéré un sociologue sur les réseaux sociaux le coronavirus a certainement plusieurs thèses en sociologie

Comment la FFHandball fait-elle face à cette période inédite, en lien avec toutes ses structures déconcentrées, clubs, Comités et Ligues ?
Premièrement, je n’ai ressenti aucune fatalité ou de l’effondrement. Au contraire, pendant ces deux mois de confinement, j’ai senti une mobilisation générale et un sens aiguë des responsabilités. Nos organes institutionnels et nos commissions ne se sont pas arrêtées : elles ont travaillé deux fois plus. Certes, il y a eu des débats et des désaccords, souvent de longues heures de visio-conférences, mais nous avons appris à mieux nous connaîtrez aussi. Depuis le conseil d’administration du 13 mars, nous n’avons pas arrêté une seconde et d’ailleurs cela a été compliqué et épuisant pour ceux et celles qui travaillaient en même temps. Nous avons impliqué toutes les structures déconcentrées en invitant systématiquement des représentants de nos ligues et de nos comités à nos bureaux directeurs. Nous avons donc fait toutes les semaines a minima un BD élargi en plus des différents groupes de travail mis en place pour mieux faire face à la situation et préparer les conditions de la reprise. Du coup tout le monde maitrise parfaitement les nouvelles technologiques maintenant. C’est également un point très positif. Voilà, personnellement, je n’ai pas vu passer ces deux mois.
Conjointement, les services fédéraux ont organisé des webinairs en collaboration avec des clubs, des masterclass pour initier notre communauté à l’utilisation de MyCoach, mais aussi des formations à distance sur les outils informatiques. Bref, personne n’a chômé et on a essayé d’impliquer un maximum d’acteurs et d’actrices.

De nombreux clubs ont multiplié des actions de solidarité auprès de leurs licenciés et en direction d’autres publics. En quoi les clubs, ces structures de proximité, sont-ils armés pour relancer l’activité dès que les mesures sanitaires le permettront ?
Nous ne disposons pas d’une vue d’ensemble objective sur nos 2500 clubs. Il est donc nécessaire d’éviter la généralisation. Je note cependant que de nombreux clubs ont fait preuve de créativité, de générosité et de solidarité. Des clubs ont lancé des défis, réalisé des visio-conférences entre les dirigeants et/ou les licencié.es, organisés des cagnottes, des enchères pour faire des dons au personnel hospitalier ou des Ehpad.
Les clubs de handball sont plus que du handball. Le handball est plus qu’un sport. Adhérer à un club, prendre une licence, ne donne pas seulement le droit de faire de la compétition. C’est aussi de la sociabilité, de l’entraide, du soutien, de l’écoute et un véritable espace de lien social. Et certains clubs l’on bien montré pendant cette période de confinement.
Alors si je suis inquiète comme tout le monde, j’ai confiance en les dirigeants associatifs qui ont participé à la mobilisation générale avec leur savoir-faire et leur sens des responsabilités. Ils seront accompagnés par les Territoires qui ont rassemblé plus d’un million d’euros pour aider les clubs. La FFHandball les accompagnera aussi de multiples façons, notamment avec la mise en œuvre d’une grande campagne de communication au service des clubs, afin de leur donner des outils. L’objectif est de fidéliser leurs licenciés et d’en attirer peut-être de nouveaux.
Nous gérons avec les territoires également la campagne de l’Agence Nationale du Sport afin que les clubs puissent toucher les subventions le plus tôt possible.
On sait d’où on vient, de très loin, mais on ne veut pas y retourner. Si nous avons réussi à imposer le handball dans le paysage sportif, c’est grâce à notre sens des responsabilités et à notre esprit d’équipe. Et ça, cela ne va pas nous quitter. C’est notre ADN !