Éric Baradat évoque la période du confinement depuis sa position de responsable du Plan de Performance Fédéral féminin (PPF). Il envoie un message optimiste aux athlètes au moment où le déconfinement se profile.

Pendant le confinement, comment s’est organisé le secteur féminin dont tu as la charge ?
Depuis le début de cette période, nous avons régulièrement communiqué, de façon quasi hebdomadaire. Certains pensaient que la reprise pourrait être rapide mais pour ma part, j’ai toujours été prudent. Nous avons mis en place deux choses essentielles : le suivi physique et psychologique, et le soutien scolaire aux athlètes. Même si nous n’étions plus en face à face pédagogique, les athlètes étaient confinés mais les responsables du PPF féminin sont restés en contact pour l’accompagnement humain, physique, psychologique et scolaire. Nous n’avons jamais coupé les ponts avec les athlètes. Il s’est créé des choses qui n’existaient pas auparavant. Nous avons mis en place des programmes d’entretien avec parfois même des séances collectives d’entretien physique, par visio-conférence, dans le respect des consignes médicales d’activité sous-maximale. Des cours de soutien spécifiques ont aussi été développés avec notre partenaire Acadomia, qui a été pro-actif à nos côtés. Il a fallu faire preuve de plasticité et d’agilité.

Comment pourrait s’organiser la reprise ?
Je crois que nul ne sait rien et pourtant les avis pseudo-éclairés fleurissent de partout ! C’est vrai au niveau de la nation et collectivement dans le milieu du handball. Il faut simplement imaginer comment faire au mieux et prévoir des plans optimistes, médians et pessimistes pour les délais de reprise. La fédération a publié un plan de déconfinement spécifique au Covid-19, à visée médicale. Il est appelé à évoluer progressivement avec la situation et les consignes ministérielles sur les sports collectifs. Notre vision est d’avancer, pas à pas. Le premier cap est fixé à début juin. On se doit d’être au plus près de nos athlètes et de poursuivre l’accompagnement. C’est notre mission première. La compétition majeure des U16 (Partille Cup en Suède) a été annulée. Elle constituait le marqueur principal de la génération. Le Mondial U18 prévu en Chine (17 au 30 août 2020 en Chine) a été reporté du 29 septembre au 11 octobre 2020 en Croatie. Nul ne peut dire aujourd’hui si l’épreuve se tiendra. L’espace Schengen pourrait être ouvert aux autres pays européens. Notre inquiétude porte plutôt sur la présence des nations africaines et des sud-américaines. L’IHF devra alors peut-être repêcher d’autres nations. Le Mondial U20 féminin du 2 au 13 décembre 2020 en Roumanie (NDLR : dates initiales : 2 au 12 juillet 2020) parait plus probable et accessible dans sa réalisation. Pour ces deux collectifs, la préparation sera très réduite car les compétitions se tiendront en pleine saison. Ce sera une opportunité de démontrer nôtre plasticité dans la préparation d’une échéance, nous y travaillons fort déjà en interne.

En quoi cette période pourrait être mise à profit et pourquoi pas constituer une opportunité ?
Dans une telle période de tourmente, le plus dangereux serait d’agir avec les réflexes du passé. Le genre humain a besoin de certitudes mais, que ce soit dans mon environnement professionnel ou familial avec mes enfants de 12 et 13 ans, j’explique que je ne sais pas car personne ne sait. Ce n’est pas pour ça qu’on ne peut pas agir, en se centrant sur ce qui dépend de soi dans la période !
Je crois que l’on peut, presque de toute chose, faire une opportunité. Avec une approche un peu philosophique, on peut s’adapter et avoir un esprit d’ouverture. J’ai mesuré à quel point le confinement était un révélateur des inégalités sociales et forcément, tout le monde ne l’a pas vécu de la même manière. Je l’ai vérifié avec les athlètes. C’est pourquoi, par conviction personnelle et par recherche d’efficacité professionnelle, il y a une nécessité absolue de poursuivre l’accompagnement personnalisé des athlètes et des cadres. À la sortie, il faut retrouver du sens à la pratique de handball.

HGu