L’équipe de France féminine devait disputer mercredi à Osijek et dimanche à Montbéliard, deux matches face à la Croatie, dans le cadre des qualifications à l’EHF EURO 2020. Le stage prévu en amont devait notamment permettre au préparateur physique, Pierre Terzi, de réaliser de nombreux tests précieux en vue des J.O. pour lesquels les Bleues sont déjà qualifiées.

En quoi l’annulation du rassemblement de deux semaines serait préjudiciable pour la suite ?
Ce stage était notre premier rendez-vous olympique. C’était l’opportunité, dans un temps un peu moins contraint, d’effectuer une large revue d’effectif. Nous souhaitions faire passer des tests physiques aux joueuses afin de constituer des archives et pour gagner du temps sur les stages de préparation olympiques prévus en juin. C’était une période propice pour faire ce travail spécifique. Forcément, aujourd’hui, c’est le flou le plus total. La projection est difficile à réaliser car les joueuses devront peut-être terminer leurs échéances puis se reposer. Je ne pense pas forcément aux jeunes athlètes, plutôt aux joueuses qui sont en milieu ou en fin de carrière et pour lesquelles cette épidémie est un sacré pavé dans la mare. Il est finalement urgent d’attendre jusqu’au moment où seront fixées les nouvelles dates des J.O. et la préparation olympique en amont. La situation est inédite alors on patiente, on se confine et, si j’ose dire, « on ferme sa gueule. » Je comprends l’inquiétude d’un sportif de haut niveau qui fonctionne avec des objectifs et un programme. Aujourd’hui, c’est l’incertitude, alors il faut éviter les « y’a qu’à – faut qu’on » et se mettre à la place de ceux qui doivent prendre des décisions avec des conséquences importantes.

La situation sanitaire n’inspire pas à l’optimisme mais cette période d’inactivité forcée peut-elle générer quelques bénéfices ?
L’absence des contraintes orthopédiques majeures et des impacts que notre activité génère, peut être bénéfique. Cette période pourrait permettre à certaines, qui avaient des petits pépins physiques, de se soigner. À condition de respecter les protocoles, ou de se faire soigner, si c’est encore possible. Les filles sont sérieuses et savent quoi faire pour s’entretenir musculairement, les exercices ne sont donc pas compliqués à mettre en place. Elles disposent pour la plupart d’un très bon encadrement par leurs clubs qui continuent à les suivre. La difficulté majeure réside dans l’incapacité de courir et de faire du cardio. Dans tous les cas, il faut faire très attention à l’intensité de la charge de travail, éviter des blessures musculaires. En cas de fièvre, la pratique sportive est dangereuse afin de ne pas être vulnérable aux infections.

Quel regard portes-tu sur ces quelques sportifs amateurs qui ne semblent pas enclin à renoncer à leur jogging quotidien ?
Ce n’est pas à l’échelon individuel mais au niveau sociétal que cela se joue. Chacun est face à sa problématique pour participer à l’endiguement de l’épidémie. La seule solution qui s’offre à nous est d’être discipliné et de respecter les règles. Personnellement, je suis un stakhanoviste du travail physique mais j’ai réduit mon activité. J’ai la chance d’avoir de l’équipement dans mon garage, en particulier un rameur même si j’ai horreur de ça. Je pourrais bien courir dans la forêt près de chez moi avec peu de chances de croiser quelqu’un mais il faut respecter les règles du jeu. Il faut être raisonnable et ne prendre aucun risque pour ne pas contaminer son fils, sa fille, sa femme…  ou ma mère qui est dans un Ehpad et que je n’ai pas revue depuis trois semaines.

HGu