Sacré champion de France de D2F, Thierry Vincent a réussi dans son entreprise avec Celles-sur-Belle qui évoluera en Ligue Butagaz Énergie la saison prochaine.

En quoi ce titre de champion de D2F concrétise-t-il le projet du club qui est particulièrement ancré dans son territoire ?
Je l’ai dit samedi soir après le match : je suis le dernier étage de la fusée. Avant moi, il y a eu Pablo Morel, Vincent Philippart et les dirigeants de longue date, ils ont construit un projet pour accéder au haut niveau. J’ai bien connu les clubs de Mérignac et de Toulon et en effet le positionnement du club de Celles-sur-Belle cela n’a rien à voir. Son ancrage territorial en fait une force. Les acteurs du club cultivent cette différence, la ruralité, et la portent fièrement, jusqu’aux bénévoles très engagés. Voilà, je suis heureux de retrouver la Ligue Butagaz Énergie avec Celles-sur-Belle.

Tu connais parfaitement l’étage supérieur, la Ligue Butagaz Énergie, alors comment armer ce club et cette équipe pour viser le maintien après l’expérience malheureuse de 2017 ?
La situation est différente. En 2016, le club était monté grâce à son statut VAP alors qu’il avait terminé 8e de D2. Les dirigeants en conviennent : ils n’étaient absolument pas prêts mais avec cette saison-là, ils ont vu à quoi cela ressemblait. Depuis, ils ont travaillé pour essayer d’y revenir par la grande porte, en ayant structuré le club pour avoir des chances de maintien. Dès cette saison, nous avons essayé de mettre en place une équipe en compétence et en quantité à même de suivre le rythme. Car c’est aujourd’hui le rythme qui fait la différence : parfois avec des matches tous les trois jours et à l’intérieur des matches. Nous avons essayé d’anticiper pour produire du jeu rapide qui corresponde aux standards actuels du jeu. Mais nous sommes conscients que nous jouerons dans le championnat des petits.

Dans une interview récente, Laurent Bezeau confiait son inquiétude sur le métier d’entraîneur. Avec ton expérience, quel est ton regard sur l’évolution de ce métier ?
Je partage à 100% l’avis de Laurent. J’ai un terme pour cela : « on se footballise ». C’est le privilège de l’âge qui me fait dire qu’à une époque pas si lointaine, l’entraîneur était au cœur du projet du club. Aujourd’hui, il est parfois devenu un acteur lambda et je suis bien placé, avec la dernière expérience toulonnaise et une personne qui a voulu prendre en main le secteur sportif, pour en témoigner. C’est peut-être un combat ou un sentiment d’arrière-garde mais j’estime que le sport doit appartenir aux sportifs.
C’est en quelque sorte ce que m’a confié Frédéric Vignier, le président de Celles-sur-Belle. Après Pablo Morel, il ne souhaitait pas prendre un entraineur sans expérience et plutôt choisir quelqu’un qui a de la bouteille. Cela fait plaisir car notre époque fait la part belle au jeunisme mais l’expérience ne s’achète pas et ce sont les seules compétences qui doivent être mises en avant. C’est typiquement français et cela me désole.

Propos recueillis par Hubert Guériau